J’ai la passion innée de contredire les gens. Toute mon existence ne fut, en somme, qu’une suite de contradictions malheureuses entre mon cœur et mon cerveau.

Un héros de notre temps

Le 15 octobre le monde littéraire célèbre le 200me anniversaire du grand poète et romancier russe Mikhaïl Lermontov. Son existence fut aussi courte que mouvementée. Par ses grandes œuvres, Lermontov a gagné sa place dans la pléiade des meilleurs écrivains russes.  Il appartient à la génération des jeunes écrivains qui ouvrent avec Pouchkine le chemin de la modernité à la littérature russe.

Mikhaïl Lermontov (15 octobre 1814 – 27 juillet 1841) est un poète, dramaturge et romancier russe, souvent appelé le « poète du Caucase ».

Lermontov naît à Moscou dans une famille noble de la ville de Toula (petite ville pas loin de Moscou). Pourtant,  il était fier de prétendre à ses origines écossaises (Lermont, Learmount ou Learmonths).

Orphelin de mère à moins de trois ans et de père à dix-sept ans, il est élevé par sa grand-mère, une riche aristocrate. Il reçoit une brillante éducation qu’il poursuit à la section des sciences morales et politiques de l’Université de Moscou. En 1832, il passera « deux horribles années » à l’école militaire des cadets de la Garde.

Deux années d’une vie dissolue de junker délaissant son activité créatrice. Néanmoins, il se fait connaître par des vers enflammés sur la mort de Pouchkine ce qui lui vaudra une arrestation et un exil au Caucase. « La Mort du poète  »  dénonce les courtisans qui ont, selon Lermontov, provoqué le duel au cours duquel Pouchkine avait perdu la vie. Ces vers proclament aussi que si la Russie ne punit pas les coupables, un second poète ne lui sera pas donné… «La Mort du poète»  vaut à Lermontov une célébrité immédiate.

Lermontov est fortement marqué par l’atmosphère étouffante qui règne en Russie depuis l’insurrection ratée des décembristes : le pays est paralysé politiquement, socialement et moralement ; la noblesse est condamnée à une vie frivole et oisive. Les pensées et sentiments de Lermontov sont un reflet parfait de ceux des étudiants de son temps : indignation contre le servage, haine du despotisme et aspiration passionnée à la liberté.

Il avait déjà passé quelque temps pendant son enfance au Caucase, dont le décor montagneux et les habitants qu`il rencontre pendant son exile l’enchantent. Son chef d’œuvre poétique, « Le Démon », prend forme durant cet exil. Finalement, il entame son grand roman en prose, « Un héros de notre temps ». On considère «Un héros de notre temps » comme le premier roman psychologique de la littérature russe. Mais l’analyse y est toujours subordonnée à cette ironie dominante, à ce regard distancié et critique que Pietchorine, personnage principal et narrateur, jette sur ses aventures.

Le paysage du Caucase par Mikhaïl Lermontov

En 1841, Lermontov obtient une permission de rester deux mois à Pétersbourg avant de repartir pour le Caucase où il trouve bientôt la mort lors d’un duel.

Pietchorine et  « Le Démon », les « héros » de ses deux chefs d’oeuvre, sont sans doute ceux qui dévoilent le mieux qui était Lermontov : un « enfant du siècle », aussi profondément romantique que russe.

Au dessous d’elle, un courant plus clair que l’azur
Au dessus d’elle, un rayon doré de soleil : ―
Mais elle, rebelle, réclame la tempête,
Comme si dans les tempêtes se trouve la paix !

Poème LA VOILE